Le réseau social sans lequel j’aurais déjà abandonné ma carrière d’artiste

Depuis février 2018, je suis bannie de la plupart des réseaux sociaux. Et pourtant, sans un en particulier, j’aurais probablement abandonné l’idée d’une carrière artistique et je serais passée à côté de la vie de rêve que je vis maintenant. Autrement dit, cette vie de rêve (et là, tu m’imagines à Boring Bora) n’aurait pas été possible sans des vies du réel. Il y a une phrase que je répétais souvent, pendant les quatre années où j’ai squatté de canapés en chambres d’ami∙e∙s avant de migrer au Canada (attention, Evene Citations) :

« La richesse, ce n’est pas que l’argent. On peut être riche en argent comme on peut être riche de gens. Avoir l’un ou l’autre, c’est bien ; avoir l’un et l’autre, c’est mieux ; n’avoir ni l’un ni l’autre, c’est effrayant. »

Le rêve

Ce matin, j’ai fait un rêve dans lequel une tante plutôt riche venait d’imprimer et de relier un lot de feuilles blanches dont la couverture titrait quelque chose comme : Boîte à outils pour femmes entrepreneuses. Elle s’échappe avec son document, mais comme il m’intéresse, il faut que je la retrouve.

Je pousse ce qui semble être une porte de camion-loge et bingo : ma tante est dans une grande salle de réunion qui sent le bois verni, au milieu de plusieurs dizaines de messieurs en costards, tous hétérosexuellement assis autour d’une immense table en bois massif, presque aussi grande que la pièce (comment on a réussi à faire passer cette table à travers la porte du camion-loge, je ne sais pas). Ma tante devait être l’une des rares femmes autour de la table. Je suis entrée rapidement avant que leur réunion ne commence, et alors que je pointais du doigt le petit fascicule posé sur la table à sa droite, avant que je n’aie pu lui demander expressément si je pouvais le lui emprunter, elle me l’a tendu, sans m’accorder un regard, comme pour se débarrasser de moi.

Je suis rapidement sortie de la salle de réunion, j’ai traversé une immense cour de verdure (ou était-ce de cailloux blancs ?) sous un beau soleil, et j’ai marché jusqu’à une grange complètement déserte où je me suis apprêtée à éplucher le fascicule. Ce n’est qu’à ce moment que j’ai remarqué la demi-feuille colorée épinglée à la couverture. Ma tante y avait écrit, au feutre bleu marine, un message qui s’adressait directement à moi. Un truc comme :

« Je savais que tu allais vouloir le lire. Si tu lis ceci, sache tu es en train de profiter de mon travail. Tu devras donc payer tôt ou tard. Je ne sais pas encore ce que je vais te demander en retour. Ce sera peut-être de l’argent, auquel cas je te dirai combien. La— »

J’ai tout de suite arrêté ma lecture. Je n’aime pas qu’on menace mon argent. J’ai commencé à lui écrire un mail depuis mon téléphone pour lui dire que j’avais décidé de ne pas lire son fascicule finalement et que je le lui rendrais à la fin de sa réunion. Je m’empressais de terminer le mail pour qu’elle voie que ma décision avait été prise même pas cinq minutes après que je lui ai emprunté le document, disons avant la fin de la période d’essai. Seulement le mail a été long, il y avait toujours un événement dans le rêve qui interrompait ma rédaction, et quand je reprenais l’écriture, je peinais à me concentrer parce que je piquais du nez, il y avait une sorte de trou noir qui m’aspirait l’esprit et menaçait de mettre fin au rêve (déjà que rédiger un mail en étant éveillé∙e, c’est soporifique, combien de fois en étant endormi∙e ?)… Je crois que le mail n’est jamais parti.


La réalité

Le 14 novembre 2014, j’ignorais que je badgeais dans une entreprise pour la dernière fois de ma… En tout cas, pour si longtemps. Je pensais que j’irais trouver du travail en marketing vidéo chez Channel 4 à Londres après une pause salvatrice de trois mois. Mais non, il a fallu que je me mette à mon compte. Depuis que j’essaie de faire de mes passions mes métiers tout en maintenant un niveau de vie qui me convient, je me rends compte que j’ai beau travailler beaucoup et dormir peu (d’ailleurs j’écris ceci avec une migraine et des arriérés de sommeil… voilà ce qui se passe quand on rédige des e-mails dans ses rêves), j’ai beau avoir la chance et le fardeau d’être ma propre cheffe, j’ai beau me plaindre que personne ne me dise ce que je dois faire ni par où commencer, j’ai beau déplorer que si je ne fais rien, rien ne sera fait car personne ne le fera à ma place, j’ai beau passer mes journées à travailler dans la plus grande solitude… en fait, je ne suis pas seule ! Je suis incroyablement soutenue ! Et sans ce soutien, j’aurais sûrement tout arrêté. D’ailleurs, sans la conscience de ce soutien, je n’aurais même pas commencé.

N.B. : Tout au long de cet article, quand je parlerai de soutien, il ne sera jamais question ni de soutien moral (nécessaire, mais pas suffisant) ni de soutien-gorge (sauf si c’est un La Perla, à la limite). Le soutien dont je parlerai ici est purement matériel : le matelas de sécurité, l’hospitalité, la garantie de ne jamais finir à la rue, le bénévolat, les dons… Car artiste indépendant∙e est un métier à haut-risque émotionnellement et financièrement. Il n’y a pas de salaire minimum, qu’est-ce que je dis ? Il n’y a pas de salaire tout court. Tu bosses 90 heures par semaine, et les gens qui font les 35h te demandent avec une feinte sollicitude : « Alors ? Ça nourrit son homme ? » Même ton comptable te sort des : « Cette année, vous n’avez pas beaucoup travaillé… » Le soutien dont je parle ici, c’est celui grâce auquel tu pourras t’offrir les services d’un∙e psy. Et d’un∙e comptable. Dans une société capitaliste où tu peux vite t’oublier et perdre de vue tes sources de joie, ce soutien sera la base même de ta pyramide des besoins.

Être soutenue stimule ma créativité et ma carrière d’artiste !

La métaphore du jeté en arrière

Pour imaginer à quel point je me sens soutenue, il faut penser à l’activité « le jeté en arrière » qu’on fait en impro pour bâtir la confiance du groupe : tu es debout (toi, l’artiste indépendant∙e) et tournes le dos aux personnes de ta troupe d’impro (les personnes qui te soutiennent) qui gardent les bras tendus et les poings fermés pour te retenir quand tu tomberas à la renverse (car elles s’y attendent). Figure-toi donc que moi, Jo Güstin, je suis soutenue au point où j’ai confiance que si je me laisse tomber en arrière, ces personnes seront là pour m’empêcher de me faire très mal.

Le sentiment d’être soutenue me permet de créer sereinement, de prendre mon temps et d’apprécier l’instant. (Rolalaaaaa ! C’est quoi cette phrase immonde de guide spirituel∙le, j'en peux plus de moi !) Je ne me suis pas toujours sentie soutenue, je me suis souvent sentie livrée à moi-même (déjà qu’il n’y a pas de Dieu, être athée c’est être vivant∙e indépendant∙e, some scary sh!t). Par exemple, toute l’année 2015, j’avais suivi une thérapie EMDR avec une psychologue que je voyais deux fois par semaine. J’étais au bout de ma vie, j’avais coupé les ponts avec tout le monde, je doutais profondément de l’amour des personnes qui m’étaient chères, car si elles aimaient Jessie WAMAL, elles détesteraient Jo Güstin ! (Tu as capté si tu as lu mon article « J’ai changé de prénom et ça a tout changé ».) Le travail avec cette psy m’a permis de comprendre qu’il y avait des personnes sur qui je pouvais toujours compter pour m’aider à retomber sur mes pattes. J’ai appris à les identifier et, forte de cette assurance, j’ai eu dans ma psyché le terrain fertile pour décider d’être une artiste et de montrer Jo Güstin au monde !

La métaphore du bus et du lion

Courir quand le lion te poursuit et courir quand tu poursuis un bus, ce sont deux façons différentes de courir : avec le lion, tu hurles, tu t’en fous des personnes autour de toi, tu te dis que de toute manière tu leur sers de spectacle et elles te regarderont te viander sur la place publique sans t’apporter leur aide, tu prends tes décisions en mode survie. Tandis qu’avec le bus, tu es plus calme, tu fais attention à ne pas te rétamer en public, limite tu cours stylé, tu fais des maths dans ta tête (« On est quel jour, samedi, OK il passe toutes les 30 minutes. Ah, mais il y a le tramway ! Il ne va pas exactement là où je veux, mais il peut déjà m’avancer… »)

Être artiste et savoir qu’on est riche de gens qui nous empêcheront de nous casser la gueule si jamais on tombe, c’est comme courir après un bus : on vit sa carrière au calme, sans paniquer, on accepte qu’on ne l’attrapera peut-être pas, qu’on devra peut-être improviser sur le chemin, et qu’il n’y aura pas mort d’hxmme. Au pire, on aura toujours un pied-à-terre où on attendra le bus suivant au sec. Comme me l’avait dit l’écrivain Antoine Bello (à qui je dédierai sûrement un article ici) : la précarité nuit à la créativité.

Soutenir un∙e artiste : « ce n’est pas le qui-veut, mais le qui-peut » ? (expression camerounaise)

Et je sais ce que tu vas me dire : « Être soutenu∙e, c’est avoir des gens qui ont de l’argent. » Mais point du tout ! Être soutenu∙e, c’est avoir des gens qui t’aiment. (Ohmagaaaaa Jo Güstin, c’est quoi ces phrases ?! Deuxième strike. Au troisième, tu sors !) Je suis sérieuse, though. Mais je nuancerais : être soutenu∙e, c’est avoir des gens qui t’aiment ET n’ont pas peur du manque (parce que j’aime beaucoup de gens, mais je ne suis pas sûre de pouvoir les soutenir comme on m’a soutenue). Note que les gens qui nous aiment ne nous sont pas forcément proches. Il est possible qu’on ne les connaisse ni d’Adama ni d’Yves.

On peut être uniquement entouré∙e de personnes telles que la tante* riche du rêve, dont l’aide était conditionnelle et transactionnelle, comme on peut être entouré∙e de personnes qui te disent « Arrive d’abord. On va se débrouiller. Tu as mangé ? » et t’offrent le gîte et le couvert avec leurs moyens modestes sans rien demander en retour.

La générosité est une question de personnalité. Tu auras des client∙e∙s fauché∙e∙s qui te paieront plus que le montant facturé (elle se reconnaîtra), comme des gosses de millionnaires à qui tu devras envoyer les huissiers (elle se reconnaîtra). Tu auras des personnes peu fortunées qui te feront manger bio du lundi au dimanche (elle se reconnaîtra), et des expertes-comptables qui te doivent toujours les 14 euros du repas végane que tu leur avais avancés (qu’elle se reconnaisse !).

Ça me rassure de me dire qu’il y a des gens qui n’attendent rien de moi, mais qui seront là pour moi. Tu sais quoi, je reformule ma phrase de tout à l’heure : être soutenu∙e, c’est être aimé∙e par des personnes généreuses.

Savoir qu’on est riche : être soutenu∙e et savoir qu’on l’est, ce sont deux choses différentes !

On peut être riche en argent comme on peut être riche de gens, mais encore faut-il savoir qu’on est riche. Si j’ai affirmé qu’être soutenu∙e, c’est être aimé∙e par des personnes qui n’ont pas peur du manque, c’est parce que la peur du manque n’est pas synonyme de précarité sociale. L’autre jour sur Youtoub, j’entendais :

« 2009 a été une année noire pour Johnny [Hallyday], il n’avait plus d’argent. La fin de tournée c’est ce qui rapporte le plus, et il n’a pas pu terminer sa tournée… »

On ne compte plus le nombre de palaces dont sa veuve a hérité ni même les 12.000 € de royalties qu’elle continue de percevoir par jour, mais effectivement, mettons… malgré tous les efforts du Président Sarkozy, en 2009, Johnny n’avait plus d’argent. J’imagine qu’il n’a pas soutenu grand-monde durant cette période, d’autant plus qu’il a failli mourir… Si le temps c’est de l’argent, effectivement, en 2009, on ne pensait pas qu’il lui en restait beaucoup.

On a vu des célébrités enchaîner les crises d’angoisse pendant la pandémie, parce qu’elles avaient peur pour la suite de leur carrière.

Si la générosité s’en fout du montant réel sur ton compte, ben l’anxiété aussi figure-toi. (Papapap ! Ça compte comme troisième strike, ça ? Comment ça cinquième ?!)

Le soutien, c’est d’abord un sentiment qui vient de toi

Et si le paradis, c’était toi ?

« Tu es aimé∙e », « Tu as de la valeur », autant d’affirmations positives que j’entends souvent dans les milieux des passionné∙e∙s d’astrologie (si tu sais de quels milieux je parle, tu sais comment on s’assoit hétérosexuellement). Si on doit nous le dire, c’est parce qu’on n’est pas forcément au courant ! (Quand les institutions nous martèlent le contraire, à partir d’un moment, il est normal d’avoir des doutes.) La peur du manque peut être une manifestation de l’anxiété, mais il n’y a pas que la peur de manquer d’argent. Il y a aussi la croyance qu’on manque de gens(Oh la la Jo Güstin les grandes phrases !)

Et je ne sais pas si tu connais bien l’anxiété, si vous passez les weekends ensemble ou si tu en as juste entendu parler, mais c’est une grosse mythonneuse ! Il ne faut pas croire un mot de ce qu’elle dit ! Elle a le chic de brouiller la perception de la réalité. Moi, j’ai enfin réussi à la combattre (« OK Queeri, joue : We Are The Champions » !) et c’est alors, et seulement alors, que j’ai repris conscience du monde qui me soutenait ! La Jo de 2016 qui, après un an d’EMDR, se lançait comme artiste professionnelle, pensait que son entourage ne faisait que lui prêter son soutien et qu’il devait être remboursé, d’ici ses 35 ans, par un accès illimité à la piscine de son loft. Ce n’est que quand j’ai pris conscience que je ne leur devais ni succès planétaire ni piscine privée, qu’il n’y avait pas de période d’essai et qu’iels continueraient de me soutenir quand même, que j’ai pu embrasser la carrière de Jo Güstin Part 2, en toute sérénité.

Maintenant, je vis un rêve éveillé : je suis autrice comme j’ai toujours rêvé de l’être, chaque jour je peux inventer une nouvelle histoire queerissime au possible, sans avoir à me cacher. De fin 2015 à 2019, j’ai dû squatter pendant presque quatre ans chez tout un tas de gens qui m’ont permis de rembourser mon prêt étudiant et de mettre de l’argent de côté pour devenir résidente permanente (RP) au Canada et m’y rendre avec de bonnes économies. Grâce au statut de RP, je reçois, pour plusieurs projets, le financement d’institutions culturelles canadiennes qui n’exigent qu’une seule chose de moi : que je continue de créer. Aujourd’hui, j’ai treize merveilleuses personnes à qui je me confie sur Patreon et dont la présence me rappelle que j’ai beau être absente des réseaux sociaux (comment tuer sa carrière en deux étapes, viens je te dis tout), j’ai beau être absente des esprits des personnes qui me suivaient sur Insta ou Twitter (« Jo qui ? Ah oui, elle n’avait pas de la laine dans les cheveux ? »), il y a au moins treize personnes qui prennent des nouvelles de mon travail. On peut être riche en argent comme on peut être riche de gens. Avoir l’un ou l’autre, c’est bien ; avoir l’un et l’autre, c’est mieux ; n’avoir ni l’un ni l’autre, c’est effrayant.

Judith, une richesse pas comme les autres

Judith Ekedi Jangwa, Gen-Z née un 24 juin

Parmi les personnes qui me soutiennent, il y a une jeune femme qui n’est pas particulièrement riche, qui ne fait pas spécialement partie de mes proches, mais honnêtement, je ne sais pas ce que je ferais sans elle. (🎶Comme un roc !🎶)

Elle s’appelle Judith Ekedi Jangwa, c’est une GenZ que je ne connais pratiquement pas, que j’ai pourtant rencontrée à mon arrivée en France quand elle n’avait pas cinq ans (je ne sais pas quel âge elle a), qui a dû me dire trois phrases au total dans sa vie, et l’une de ces phrases était :

— S’il te plaît, est-ce que tu peux arrêter de dire que je suis un génie ? Ça me met la pression.

Et là, ça fait déjà deux phrases !

Judith est née un 24 juin, c’est l’une des rares choses que je sais d’elle, et moi, j’adore les anniversaires ! J’ai pris l’habitude de célébrer sur mon Patreon, ceux des membres de l’équipe de mon court-métrage Don’t Text Your Ex, avec des articles qui les mettent à l’honneur et expriment ma gratitude. Mais pour Judith, je voulais que ce soit différent, assez pour la sortir du lot, tout en respectant sa discrétion et sa volonté. (Combien de personnes arriveront à cette partie de l’article ? Personne, t’inquiète !)

Judith est UX designer, graphiste, directrice artistique, et elle fait « un peu » d’illustration 3D (c’est tellement bien fait, qu’est-ce que ça donnerait si elle en faisait beaucoup ?). Nous communiquons par moodboards Pinterest interposés et elle voit tout de suite ce que je veux dire. Je lui dois le logo de dearnge society, celui de Don’t Text Your Ex (projet sur lequel elle a été une co-directrice artistique précieuse), le générique de fin qui m’a valu tant d’éloges (probablement le générique le plus créatif de l’histoire du cinéma), c’est une idée de Judith ! D’ailleurs, elle a remporté deux prix de la meilleure affiche de film pour Don’t Text Your Ex (altFF Alternative Film Festival à Toronto et Madrid Film Awards). Et depuis deux ans, je prépare un projet fastidieux, probablement irréaliste, sur lequel elle a accepté d’embarquer. Seulement, cette année, j’ai découvert combien ce projet allait me coûter, ça m’a tétanisée pendant des mois, rien n’avançait plus, ça me démotivait, ça me rendait triste… Judith m’a aidée à trouver une solution ! Elle m’aide à avancer sur ce projet alors qu’elle a un boulot à temps plein. La solution de Judith a fait péter une sorte de digue des idées dans mon cerveau, je suis encore en plein dedans !

Je ne sais pas ce qui la motive à m’accorder tout ce temps, ce n’est pas la personne la plus enthousiaste ni la plus enjouée que je connaisse. Je n’ai jamais eu droit à des « Ohmagad Jo Güstin, c’est trop bien ! J’ai trop hâte ! » de sa part. Je ne sais pas si elle s’intéresse à mon art, si elle lit ce que j’écris, si elle écoute Contes et légendes… Je sais qu’elle aime faire de la photo et qu’elle joue très bien au piano, mais je ne suis pas sûre qu’il y ait quoi que ce soit de « Jo Güstin » dans ses hobbies. Si c’est le cas, elle ne me l’a jamais dit. On ne se téléphone jamais, on ne s’envoie jamais de messages, on s’est vues en personne une seule fois ces vingt dernières années… Et pourtant, Judith s’applique à chaque tâche que je lui confie comme s’il y avait un grand prix à gagner ! Elle prend le temps, elle écoute, elle laisse mûrir… J’apprécie particulièrement son pouvoir de lire dans mes pensées rien qu’en voyant le moodboard que je lui envoie. Oh la la, du pur gé— rémy Bearimy. Je suis tellement fan de tout ce qu’elle me propose, que je suis obligée de faire voter des gens pour m’aider à départager ! J’aimerais un jour lui signer de gros chèques, même si j’ai le sentiment que la thune lui procure la même indifférence qu’à moi. J’aurai beaucoup de plaisir à la payer comme il se doit, comme on paierait un gé— rémy Bearimy. Je n’ai jamais compris pourquoi Judith m’aidait autant. Je crois que c’est parce qu’elle m’aime et qu’elle est généreuse.

Plus généreuse que moi. Donc si tu lis ceci, sache que tu es en train de profiter de mon travail. Tu devras donc payer tôt ou tard. Je ne sais pas encore ce que je vais te demander en retour. Ce sera peut-être de l’argent, auquel cas je te di— Allô ?

*Je ne sais pas ce que cette tante faisait dans mon rêve, je ne la connais pas plus que ça et elle ne fait certainement pas un métier d’affaires où il faut s’habiller en costard. À moins que… Hum ? Oooh…

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J’ai changé de prénom et ça a tout changé